CHAPITRE IV
Effets pratiques globaux
de l'ensemble du rayonnement naturel sur les végétaux
Les divers effets physiologiques partiels du rayonnement
naturel sur les végétaux (ligneux et autres, du reste) qui
ont été examinés au chapitre précédent,
ne sont pas toujours systématiquement dirigés dans le même
sens. Parfois même, les actions sont opposées (photosynthèse
et respiration - ou bien : nutrition et croissance, par exemple). On l'a
déjà dit, le moyen le plus efficace pour résoudre ces
problèmes consisterait à soumettre chaque variété de
chaque espèce à étudier, placée dans des conditions
de stations par ailleurs identiques, à des rayonnements d'intensité différente,
et à observer leurs réactions globales.
Malheureusement, dans le milieu naturel, chaque station se présente avec un ensemble de caractères physiques et biologiques, dont il est impossible de ne pas tenir compte, et qui peuvent intervenir dans les réactions d'ensemble mentionnées. Cette remarque élargit considérablement le problème et le place sur un plan écologique général.
Le cortège des facteurs écologiques
Les facteurs les plus importants, du point de vue de la croissance des végétaux,
peuvent être rangés en diverses classes :
- les facteurs énergétiques, qui sont spécialement intéressants
dans le cadre de cette étude: le rayonnement solaire, direct et diffusé,
dans sa durée, son intensité, et sa composition - la lumière,
partie visible de ce rayonnement et spécialement active sur certaines
des fonctions des végétaux -, la chaleur qui détermine
la température de l'air, du sol, et des organes foliacés ;
- les facteurs hydriques : répartition et importance des précipitations, suivant leur nature (pluies, neige, rosée), conditionnant l'humidité du sol, l'état hygrométrique de l'air, la vitesse d'évaporation de l'eau reçue, l'intensité de la transpiration ;
- les facteurs atmosphériques :
teneur de l'air en gaz carbonique, et en diverses autres substances, sa
vitesse et son état électrique notamment ;
- les facteurs édaphiques : structure
physique et composition chimique des sols, déterminant leurs conditions
d'aération, leurs capacités en eau disponible et leurs points
de flétrissement, ainsi que leurs richesses en matières minérales
solubles ;
- les facteurs biotiques : concurrence
des parties aériennes et souterraines des végétaux
en place - activité des organismes inférieurs, ainsi que celle
de tous les êtres plus complexes, souvent nuisible, pour arriver à
celle de I'homme, qui est parfois très marquée.
Le végétal intègre
toutes ces actions, et il est souvent très difficile de déterminer,
à première vue, la part de chacune d'elles.
Cependant, en utilisant des dispositifs
simples, comme les cases de végétation par exemple, on peut
réduire souvent d'une manière sensible le nombre des inconnues.
En effet, des caissettes, remplies d'un sol naturel identique prélevé
dans une large clairière (donc déjà minéralisé
au mieux), à fond finement perforé pour permettre la circulation
de l'eau dans les 2 sens, recouvertes pendant quelques années d'un
fin grillage pour diminuer l'action nuisible des prédateurs de plus
grande taille, au besoin soumis à des traitements antifongiques,
ou à des insecticides légers, soustrayant les végétaux
à l'étude de la concurrence des racines des grandes arbres
voisins, réduisent très sensiblement l'influence des deux
derniers facteurs. Par ailleurs, dans les quelques dizaines de mètres
qui séparent les caissettes, on peut estimer que la composition générale
de l'atmosphère varie peu (ceci sous les réserves indiquées
un peu plus loin). Seule change d'une façon notable la vitesse du
vent ; quant à l'état électrique de l'atmosphère,
si des variations assez importantes ont été enregistrées,
on dira que son influence réelle sur la végétation
est actuellement très controversée.
Les deux variables principales restant
en présence sont, incontestablement, les facteurs énergétiques,
et les facteurs hydriques et il importe de tenir compte de ce fait.
On remarquera, en premier lieu, que selon
l'opinion générale des climatologistes, ces deux facteurs
varient, en gros, en sens inverse. Dans les Alpes, on oppose classiquement
les " adrets ", mieux éclairés et plus secs, aux
" ubacs ", plus ombragés et plus humides. Dans les Pyrénées,
ce sont les " soulanes " et les " ombrées " qui
présentent la même opposition de caractères.
Dans le milieu forestier, on devrait donc enregistrer, aussi bien dans des stations naturelles, que dans des caissettes de végétation, le même balancement entre ces deux sortes de facteurs. Peu de recherches ont été effectuées en France sur ce problème, mais des observations systématiques, souvent de longue durée, effectuées à l'étranger, apportent une confirmation générale à cette prise de position.