Régénération naturelle du chêne rouvre
et pédonculé, dans des
taillis sous-futaie de plaine, sur sol profond
(type limon des plateaux)
Dans ces peuplements, les semenciers de chêne rouvre
et pédonculé sont presque toujours assez abondants et, tous les
5, 6 ou 8 ans, un certain nombre d'entre eux donne une quantité appréciable
de glands, qui tombent au sol en octobre. Ils sont recouverts, par la suite,
des feuillages morts, et, si le premier printemps est favorable (humidité
du sol suffisante et froids non excessifs), ils forment des racines, puis, en
avril, donnent de jeunes tiges qui sortent du sol et se terminent par les premiers
feuillages.
Souvent, une seconde pousse plus réduite (dite de
la St Jean) se manifeste au début de juillet, on l'a dit plus haut, et
parfois une troisième à la fin de l'été.
Si, au cours de l'été qui suit cette germination,
les jeunes chênes reçoivent un Rr inférieur à
4 ou 5 %, bien que restant d'aspect très satisfaisant, ils ne peuvent
accumuler assez de réserves pour assurer leur croissance au cours du
printemps suivant, et ils disparaissent en majeure partie au cours de la seconde
année (Fig. 55).
Il est donc indispensable, dans l'hiver qui suit la chute des glands, d'éclaircir sérieusement les taillis (dont la densité doit être ramenée à 400 ou 500 brins par hectare), tout en conservant les semenciers sur pied. De cette façon, on arrive, au cours de l'été suivant, à un Rr de 10 à 15%, suffisant pour assurer une bonne survie des sujets. Si, par suite de circonstances très défavorables (glands de mauvaise qualité, germant mal, attaques très précoces d'insectes ou de maladies cryptogamiques, gelées printanières sévères ou sécheresse estivale exceptionnelle) la régénération naturelle était détruite, on disposerait encore des semenciers et d'un taillis assez dense pour pouvoir attendre une nouvelle année de semences, en évitant une croissance excessive des ronces et des morts-bois divers, qui n'attendent que l'apport de radiations pour manifester souvent un développement explosif.
FIG. 55 - Variations du rayonnement relatif au sol dans un taillis sous futaie éclairci tardivement (55A) et état de la régénération naturelle de chênes pédonculés, au bout de 4 ans de couvert (5 % de Rr en été) (quadrillage 0, 15 x 0, 15) (5 5 B).
Si ces opérations ont réussi
(figure 56), et que la glandée s'ancre convenablement dans le
sol, on continuera, par la suite, à augmenter le découvert,
de telle sorte que le Rr soit, très approximativement,
de 10 % par année d'âge. À 10 ans, les taches
de semis devront donc être complètement dégagées,
et libres de tout couvert supérieur.
Lors des glandées suivantes, les arbres restant sur pied entre les bouquets de semis et de fourrés, disparaîtront progressivement. Par la suite, les jeunes chênes à l'état successif de gaulis, de perchis, puis de jeunes futaies, seront maintenus dans un état assez dense :
FIG. 56 - Variations du rayonnement relatif au sol, dans un taillis sous futaie éclairci dès la chute des glands (56 A) et état de la régénération naturelle de chênes pédonculés au bout de 4 ans (1 5 à 30 % de Rr en été) (quadrillage 0, 15 x 0, 15 m) (56 B) (ROUSSEL 1966).
D'abord, on l'a dit, parce
qu'il est probable, ainsi que ceci a été démontré
pour des sujets jusqu'à l'âge de 5 ans, que la
proportion de bois de tige, par rapport au volume total de l'arbre,
est plus élevée dans le cas des peuplements denses
que dans celui des peuplements clairiérés (dans
ces dernières conditions, les arbres forment à
peu près autant de bois de tige et de branches que de
bois de racines).
Ensuite, parce que ces arbres, légèrement éclaircis, mais à troncs restant ombragés, forment un bois plus pauvre en rayons ligneux, à plus forte proportion
de bois de printemps, en somme de meilleure qualité technologique. En outre, comme on l'a indiqué page 122 ci-dessus, l'accroissement en volume de l'ensemble du peuplement est dans ce cas le plus élevé (voir tables de production allemandes datées de 1959). Évidemment, à un âge déterminé, le volume moyen de l'arbre produit dans de tels peuplements sera plus faible que celui du chêne, bien isolé, de taillis sous-futaie classique (comprenant quelques dizaines de tiges par hectare). Mais, que l'on songe que la production moyenne actuelle d'un taillis sous-futaie du Nord-Est de la France n'est guère que de 1 à 1,5 m3 de bois d'uvre par hectare et par an alors que les chiffres de production régulière des futaies de chêne aménagées sont de 4 à 5 fois supérieurs en quantité, et beaucoup plus forts encore économiquement, si l'on considère la qualité du matériau récolté. L'approvisionnement suffisant en eau du sol demeure, là aussi, absolument indispensable.