Autres effets du rayonnement naturel
On pourrait évoquer bien d'autres effets du rayonnement naturel sur
la végétation :
Chaleurs excessives - Le dessèchement, et même la
nécrose peuvent être provoqués par une insolation excessive,
spécialement dans les régions méridionales (MOULOPOULOS
- 1955 pour le sapin de Céphalonie, en Grèce). Dans les Apennins,
on a signalé une adaptation très intéressante du sapin
pectiné, qui, se développant dans des stations bien éclairées,
renforce ses formations de protection (cuticule, épiderme, suber) pour
se protéger contre l'excès de rayonnement, et pour réduire
considérablement la transpiration, au niveau de sa tige, en réservant
toute l'eau disponible pour les stomates de ses aiguilles (GIACOBBE - 1969).
Ce qui conduit cet auteur à avancer qu'une dose très forte de
radiations peut, en définitive, mener à une meilleure utilisation
de l'eau du soi.
Froids excessifs - Le rayonnement vers le ciel, surtout
nocturne, de la terre et des formations végétales qui la recouvrent,
provoque les gelées printanières, nuisibles aux seules pousses
de l'année, et également, mais plus rarement, des gelées
hivernales intenses qui détruisent les appareils foliacés (-35
à -40°C pour l'épicéa d'altitude, -10 à -12°C
pour le chêne vert, etc... ). Des afflux d'air polaire froid peuvent,
du reste, avoir les mêmes conséquences (TRANQUILLINI - 1958,
LARCHER - 1961 à 1969).
Dépérissement des feuillages inférieurs -
La forte réduction du rayonnement, dans les régions inférieures
des peuplements très denses, qui diminue l'intensité de la photosynthèse,
s'accompagne, dans certaines limites, d'une adaptation des organes foliacés,
lesquels ont un " coefficient d'utilisation du rayonnement "
de plus en plus élevé. Ainsi, tant que les aiguilles ou les feuilles
restent vivantes, le bilan photosynthétique reste, la plupart du temps,
positif : l'assimilation chlorophyllienne brute, même faible, est
supérieure à la respiration (PISEK & WINKLER - 1954, LARCHER
- 1969).
Mais, quand l'intensité moyenne du rayonnement naturel devient trop
faible, les organes foliacés meurent, les rameaux qui les supportent
se dessèchent et tombent, contribuant ainsi à l'élaboration
de la " forme forestière ", caractéristique des arbres
de futaie (POLGE - 1969), (JACQUIOT - 1970).
Minéralisation de l'humus - On sait que le processus de minéralisation de l'humus brut, le rendant soluble et assimilable par les végétaux, dépend de l'activité de microorganismes, présents en permanence dans les sols forestiers (types nitrosomonas et nitrobacter par exemple). Par ailleurs, divers autres
organismes microscopiques exercent, au
niveau de la zone d'absorption des racines, des actions complexes, qui peuvent
du reste être tout aussi bien stimulantes, qu'inhibantes pour la végétation.
Or, le rayonnement naturel, parce qu'il apporte aussi de la chaleur, favorise,
en général, l'activité biologique des sols. Cet effet
est particulièrement frappant dans les forêts d'altitude, au
climat relativement froid, et dans lesquelles la minéralisation de
l'humus brut se déroule d'une façon ralentie. Une trouée,
multipliant l'intensité du rayonnement par 4 ou par 5, souvent davantage,
accentue nettement la vitesse de cette minéralisation (DUCHAUFOUR
- 1953).
Mutations génétiques
- Les radiations de haute énergie (X, gamma, etc... ) peuvent,
on le sait, quand elles atteignent des cellules reproductrices, provoquer
des mutations génétiques héréditaires, par action
perturbatrice sur les molécules de l'acide désoxyribonucléique
surtout, constituant principal des chromosomes. Très souvent défavorables,
ces mutations peuvent, de temps en temps, donner naissance à des
lignées intéressantes en sylviculture. Mais le rayonnement
naturel reçu au niveau du globe terrestre renferme très peu
de ces radiations de très haute énergie.
Cependant divers auteurs estiment que,
dans certaines conditions, les rayons ultraviolets les plus actifs (l'énergie
d'un photon peut y atteindre 4 eV) sont capables de provoquer, eux-mêmes,
des mutations de ce genre, quand ils peuvent parvenir jusqu'aux chromosomes.
Bioluminescence - Un phénomène très curieux, en photobiologie, est celui de l'émission de lumière par certains organismes vivants. Cette bioluminescence, génératrice de radiations de courte longueur d'onde en général, se rencontre parfois dans le milieu forestier (champignon bien connu appelé " armillaria mellea ", se développant sur des troncs de hêtre en décomposition, par exemple). On ne voit pas très bien l'intérêt pratique de ce phénomène en sylviculture, mais, du point de vue théorique, il a retenu l'attention de certains physiologistes, qui y voient les derniers vestiges d'un processus de mobilisation de l'énergie, à très haut rendement, et qui aurait, peu à peu, au cours des âges géologiques, été remplacé par la classique respiration (Mc ELROY et SELIGER - 1962).